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14 avril 2015 | Pierre-Luc Trudel
Dans les milieux de travail comme dans la société en général, les troubles de santé mentale affectent des centaines de milliers de Québécois et occasionnent des coûts importants pour les entreprises. Pour renverser la tendance, le Collectif pour l’accès à la psychothérapie (CAP) presse le gouvernement d’agir en rendant plus accessible les traitements de psychothérapie, en particulier pour les personnes les plus vulnérables.
Selon les données du CAP, de 30 à 50 % des absences du travail pour cause d’invalidité de longue durée seraient attribuables à des troubles mentaux transitoires. Ces derniers seraient d’ailleurs à la source de 30 à 40 % des réclamations d’assurance invalidité. Une récente étude de Morneau Shepell révélait également qu’un employé canadien sur trois avait déjà été touché par la maladie mentale.
Dans ce contexte, l’accès simplifié à la psychothérapie permettrait aux employeurs de réaliser d’importantes économies dans leurs régimes d’assurance collective. Un rapport de la Société canadienne de psychologie indiquait que près de 30 % des coûts de l’absentéisme au travail lié aux troubles de santé mentale pourraient être récupérés si les travailleurs avaient un meilleur accès aux services psychologiques.
« Les entreprises qui ont mis en place des programmes d’accès à la psychothérapie pour leurs employés ont compris qu’il s’agit d’une solution efficace pour diminuer l’absentéisme, les demandes d’invalidité et tous les coûts qui y sont liés. Le gouvernement devrait avoir la même réflexion », soutient David Levine, porte-parole du CAP.
Dans certains cas, la psychothérapie peut également représenter une alternative aux traitements pharmaceutiques, généralement beaucoup plus coûteux
Régime pour tous
Actuellement, seule une évaluation de la condition du patient est offerte gratuitement dans les CLSC, et après un délai d’attente qui peut atteindre plus d’un an. La psychothérapie en tant que telle, qui s’échelonne sur plusieurs séances, n’est pas couverte par le régime d’assurance maladie de la province. Selon le Collectif, plus de 200 000 personnes au Québec auraient besoin de tels traitements, mais n’en ont pas les moyens.
Le modèle d’accès à la psychothérapie proposé par le CAP s’apparente au régime québécois d’assurance médicaments. Les citoyens qui ne bénéficieraient pas d’une telle protection via une assurance privée devraient s’inscrire à un régime public leur garantissant un accès à un psychothérapeute, ou dans les cas les plus sévères, à un psychologue.
« Ce qu’on demande, c’est un programme structuré. Le manque d’accès aux services de psychothérapie engendre un poids financier lourd à porter pour les Québécois. Le retour sur l’investissement serait important, il s’agit d’un programme rentable à long terme. Si le service devient plus facile d’accès, je suis certain qu’il sera plus utilisé qu’on pense », affirme M. Levine.
Le Collectif a récemment fait part de ses demandes dans un mémoire remis au ministre de la Santé, Gaétan Barrette.